Après une carrière de médecin de campagne bien remplie, débutée à Desaignes le 30 Novembre 1977 puis transférée à Lamastre en janvier 2003 pour optimiser son activité à l’Hôpital de Lamastre et partager son activité avec Simone Farjas, le Dr Bernard Chevret a décidé de cesser son activité libérale au 31 décembre 2009, soit après 32 ans d’exercice.
Ses fidèles patients vont ressentir un vide certain : son écoute, son humeur égale, sa compétence et sa disponibilité vont manquer à beaucoup.
Ses confrères médecins vont perdre avec ce départ un collègue de travail pour lequel les mêmes adjectifs peuvent être redits, ils vont aussi toucher, et là c’est problématique, la concrétisation de la baisse de la démographie médicale puisque il n’y a actuellement pas de successeur.
Cette démographie médicale est un souci constant de tous les professionnels de santé,et va le devenir pour les usagers ; le problème est politique et financier. Les comptables gouvernementaux de 1970 sous Giscard et S. Veil ont décrété que moins il y aurait de médecins, moins il y aurait de malades, et donc moins il y aurait de dépenses, cette loi est dite du « numérus clausus »[1]. Cet axiome simpliste n’a pas permis en 40 ans d’épurer les comptes de la sécu mais commence à perturber fortement le fonctionnement médical à tous les niveaux, médecine libérale et hospitalière. Il faudra qu’un comptable mathématicien me démontre comment on exprime une diminution « de 1 praticien-partant à 0 praticien-exerçant » en pourcentage d’optimisation de l’accessibilité aux soins ??? Surtout quand rien n’est fait pour répartir les praticiens sur le territoire.
Le Dr Chevret conscient du problème a proposé à la direction de l’Hôpital de conserver une petite activité hospitalière qui n’aurait que des avantages : pour Bernard une cessation progressive, pour les patients un sevrage moins brutal , pour les collègues un amortissement de l’augmentation d’activité qui va être difficile à gérer (digérer) et pour l’Hôpital une offre de soins confortée (réconfortée).Le challenge actuel est donc administratif et contractuel pour mettre en place cette activité, gageons que le Directeur de l’établissement et Bernard pourront trouver un schéma de mise en place et monter ce dossier qui a l’appui de tous les praticiens lamastrois .
Bonne « retraite » Bernard.
[1]Numerus clausus ?
Qu’est ce que le numerus clausus ?
C’est une décision politique et comptable mise en place en 1971 par la ministre de l’époque Simone Veil. Cette décision entrait dans le cadre de la maitrise des dépenses de santé et visait à diminuer le nombre d’étudiants en médecine passant le cap de la première année. Le nombre d’étudiants en 2° année est ainsi tombé de 12000 à 8000 entre 70 et 71, pour baisser encore jusqu’à 3500 en 1993, pour remonter doucement à partir de 2000 jusqu’à 7000 actuellement. Le dogme comptable affirmant que s’il y a moins de médecins, il y aura moins d’offre de soins, donc moins de dépenses de santé, donc des économies. C’est un raisonnement basique mais très simpliste. Les comptables n’ont pas intégré tous les paramètres de l’exercice médical :
-la féminisation de la profession, les femmes ayant la particularité de faire et éventuellement élever des enfants, ce qui les rend professionnellement moins disponibles.
-l’émergence de nouvelles spécialités : échographie, imagerie, informatique médicale, médecin de tutelle, médecin coordonnateur, modes d’exercice qui limitent le nombre de praticiens au contact direct des malades.
– loi sur les 35 heures et sur le repos compensateur après les gardes qui multiplient les agents sur les roulements de planning -et surtout il n’y a pas de suivi pour répartir la baisse de la démographie
Raymond Bouit Janvier 2010
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